Les 3 couronnes de Napoléon
Napoléon Bonaparte a répandu ou tenté de répandre les idées des lumières, dont la méritocratie, en France et à travers l’Europe sinon le Monde.
En ce sens, il est républicain et il sait ce qu’il doit à l’abolition des privilèges qui l’auraient empêché d’écrire son nom dans l’Histoire. Il a fait Maréchaux Ney, fils d’un artisan tonnelier et Murat, enfant d’un aubergiste.
Il a été, même, un temps proche d’Augustin Robespierre, le frère du célèbre Maximilien, artisan de la Terreur sous la Convention .
L’instauration de l’Empire, dès lors, peut surprendre et être vécue comme une trahison par certains.
Il ne faut pas oublier que plusieurs coalitions rassemblant les monarchies européennes contre la France ont essayé de mettre à bas Napoléon car, justement, il incarnait les valeurs de 1789.
C’est, pour parvenir à la Paix, symboliser l’unité de la Nation.et être reconnu comme légitime aux yeux des dirigeants européens, qu’il a ceint la couronne impériale le 2 décembre 1804 lors du sacre à Notre Dame de Paris, immortalisé par David.
Il s’est couronné lui- même, devançant Pie VII et réalisant, ainsi, ce que n’avait pas réussi Charlemagne lors de son couronnement le 25 décembre 800 à Rome, le Pape Léon III ayant été plus rapide que « l’Empereur à la barbe fleurie » en lui apposant la couronne sur la tête avant qu’il n’ait pu le faire lui-même.
Symboliquement, il affirmait ainsi ne devoir son pouvoir qu’à lui-même, non en tant qu’individu, mais en tant que représentant de la France et du peuple souverain, devenant non pas Empereur de France mais Empereur des Français n’oubliant jamais la vraie source de sa légitimité.
Et il a couronné Joséphine qui est devenue Impératrice, accomplissant, ainsi, la prophétie que lui aurait faite une diseuse de bonne aventure « vous serez plus que Reine ! »
Ce que l’on sait moins, c’est que Napoléon, après avoir été Président de la République Italienne, a ceint la couronne de fer de roi d’Italie le 26 mai 1805 dans la Cathédrale de Milan, Joséphine, ajoutant à son titre d’Impératrice celui de Reine d’Italie
Le Royaume d’Italie dont il était question est beaucoup plus petit que celui de l’Italie actuelle. Il comprenait les anciens duchés de Milan et de Modène ainsi que des morceaux pris aux Suisses, à Venise et aux états pontificaux.
Et, l’adage « jamais deux sans trois » ne mentant jamais, Napoléon a coiffé, symboliquement, une troisième couronne lors de son exil forcé à Sainte- Hélène, celle d’épines du Christ.
Sur cette île inhospitalière, humide et battue par les vents, oubliée d’Apollon et si loin de la lumineuse Méditerranée qui berce son île natale, l’Empereur a été victime de brimades protocolaires de la part du terrible gouverneur Hudson Lowe. Son état de santé s’est détérioré inéluctablement jusqu’à sa mort le 5 mai 1821 et, tissant sa légende en dictant ses mémoires à Las Cases, le Grand Homme comprit que la véritable bataille était celle de la Mémoire, la seule qui traverse les siècles,
Sans ses souffrances sur ce bout du monde hostile, son souvenir n’aurait, peut-être, pas eu l’écho qu’il continue d’avoir, autant de livres s’écrivant sur lui que de jours égrenés depuis sa mort.
Napoléon reste, pour moi, un fils de la Révolution française, ce qui peut apparaître paradoxal pour un Empereur et un Roi qu’il a été.
Mais, le paradoxe n’est qu’apparent. Après tout, la célèbre statue de la Liberté éclairant le Monde n’a-t-elle pas une couronne ? Et elle a été offerte, le 28 octobre 1886, par la République Française aux Etats- Unis en signe d’amitié du peuple français aux Américains,
Œuvrons pour faire cesser l’opposition qui existe parfois entre les admirateurs du général Bonaparte et les partisans de l’Empereur Napoléon car leur combat est commun. Il est celui d’une certaine idée de l’Homme et de la France
Jean-Michel Dahan-Doladille
Membre de la Société Napoléonienne de Marseille